Wine 3.0 : quelles perspectives d’avenir pour le vin en ligne ?
Nous participions vendredi dernier à la conférence Wine 3.0 organisée à Paris par l’ESA, l’École Supérieure d’Agriculture d’Angers. Au cœur des interventions et des débats, le rôle d’Internet et des innovations technologiques sur le lien qui unit les consommateurs au vin.
Nouveau né des néologismes à la mode, le concept de Web 3.0 mérite qu’on s’attarde à le définir un peu plus clairement avant de se lancer dans le cœur du sujet. Le consultant François Druel, également intervenant lors de cette conférence, parle d’ubiquité de connexion : nous sommes aujourd’hui connectés au Web (presque) partout où nous nous trouvons, notamment grâce à l’adoption en masse des smartphones. S’ajoute à ce concept l’idée connexe de la permanence de la connexion, autrement dit le fait que nous passons presque plus de temps online qu’offline. Je complèterais ces définitions du Web 3.0 en y ajoutant l’idée d’« objets connectés », i.e. la capacité qu’ont aujourd’hui certains objets pourtant dépourvus des moyens techniques requis – par exemple des bouteilles de vin – de devenir des vecteurs de connexion et des fournisseurs d’information par l’entremise de dispositifs comme les QR codes ou tags.
La conférence a été pour nous l’occasion d’intervenir sur l’importance des nouvelles technologies dans la relation que les consommateurs entretiennent au vin, notamment en présentant en avant-première certains des éléments du baromètre SOWINE/SSI 2011. Les grandes tendances identifiées l’an dernier se maintiennent –nous aurons l’occasion de les présenter plus largement sous peu– et, tout comme les échanges suscités lors de la conférence ont servi à le prouver, de nouvelles analyses deviennent possibles.
L’un des principaux sujets abordés lors de la conférence a précisément été la forme que prend cette information trouvée sur le Web. Tout comme les sites des « gourous » traditionnels sont souvent de simples vitrines 1.0 de publications papier qui existaient déjà avant l’arrivée du Web (Parker, Wine Spectator, RVF), on peut tout aussi facilement associer l’essor des blogs, amateurs et professionnels, à la tendance du contenu généré par les masses propre au Web 2.0.
Parallèlement à l’effort de projection que la conférence a permis de mener, reste à voir si l’ubiquité et la permanence de connexion qui semblent caractériser le Web 3.0 permettront aux communautés d’amateurs, souvent encore naissantes en France, d’atteindre la masse critique de membres et de commentaires nécessaires à leur utilité en tant que source d’information crédible et fréquentée. Les exemples internationaux cités par Christophe Heynen, autre intervenant de la conférence, ainsi que le best practice de Cellar Tracker aux États-Unis, montrent que les pays anglo-saxons sont en mesure de fournir des réalisations probantes à cet égard.
S’il demeure une source privilégiée d’information, conservant en 2011 sa place devant les magazines et guides spécialisés, il n’en demeure pas moins que le média Internet n’est pour autant qu’une des nombreuses ressources utilisées par les consommateurs pour préparer un achat de vin. Seul le temps et l’adoption de certains réflexes et habitudes d’utilisation pourront venir confirmer l’impact que le Web 3.0 aura sur la relation entretenue par les buveurs de vin avec leur produit fétiche, en particulier lorsqu’il s’agit de transformer la recherche d’information en achat.
D’ici là, ne perdons pas de vue le vin demeure un produit de dégustation – qu’elle soit technique, sensorielle ou émotionnelle – pour lequel le Web n’est pas encore parvenu à se substituer à un bon vieux tire-bouchon, à quelques verres et à un groupe d’amis… ou toute autre situation de convivialité partagée !
Marie et Philippe-Alexandre
Illustration : Deligne