Edition 2008 de Vinisud : quelques observations marketing
De retour du salon VINISUD à Montpellier, quelques observations sur cette édition 2008.
Dans l’ensemble, moins d’innovations marketing que lors de l’édition 2006, ou plus exactement l’impression que les innovations marketing, lorsqu’il y en a, sont moins « gratuites » et davantage réfléchies, ce qui est plutôt positif. On croise encore quelques critter wines -dinosaures, entre autres -lire aussi ici– mais la tendance est plutôt à un recentrage sur le produit lui-même et à la simplification par l’éducation du consommateur : images et mots-clé sur l’étiquette permettant de comprendre immédiatement les caractéristiques gustatives du vin, par exemple.
« Le marketing est mort, vive le vin » : une autre manière de communiquer et de se différencier en annonçant clairement la couleur. C’est l’approche choisie -et plutôt bien mise en scène- par l’AOC Minervois-La Livinière : pas de moquette au sol mais du béton brut, décor moderne et cloisons monochrome rouge, mots choisi (« le off du in »), affichettes collées façon Révolution / appel à la population… pour un discours ouvertement anti-marketing (mais finalement bien marketé) qui revendique la volonté de l’appellation de centrer son discours sur le vin en investissant ses moyens sur le produit plutôt que sur le décorum. Seul bémol : du coup, la mise en scène prend le dessus et les exposants manquent de visibilité individuelle.
De manière anecdotique, mais à signaler malgré tout, le développement de la couleur bleue dans les packagings. J’aurai l’occasion de revenir sur la question du bleu dans l’alimentaire et dans les alcools en particulier : une couleur pour se différencier, qui transmet des valeurs spécifiques inspirée d’autres univers. A titre d’exemple, voir les vins Azzaro, présents sur le salon, nés de la collaboration entre le designer Loris Azzaro et l’œnologue languedocien Frédéric Roger.
Anecdotique également pour cette édition -mais probablement avec un fort potentiel pour les années à venir- la présence de la Chine sur le salon, via Château Saint Estève et la marque Cacttus, visibles sur leur stand et animateurs d’une conférence sur « le développement du vin et la perspective du marché chinois ».
Enfin, pour le plaisir de yeux comme à chaque fois, les barriques peintes de Château Puech-Haut -lire aussi ici-, exposées en divers endroit du Parc des Expositions. Je suis toujours autant enthousiaste sur le concept -une collection unique de barriques peintes par des artistes, une communication différenciante réussie, qui associe intelligemment et avec esthétisme le vin et l’art. Une déception cette année cependant : la reproduction en miniature des barriques peintes, version métallique, pouvant servir de seau à glace, largement distribuées aux visiteurs. Si la volonté est de communiquer sur l’élément fort de reconnaissance de Château Puech-Haut en démocratisant l’accès à son art, le résultat tend plutôt vers une vulgarisation de l’œuvre, transformée en objet de piètre qualité, façon « souvenir acheté dans un bazar chinois ». Dommage : dans un cas comme celui-ci, la valeur de l’œuvre tient aussi à son caractère unique, et Château Puech-Haut n’a pas besoin de cette démocratisation pour faire connaître et apprécier son travail.