Veuve Clicquot et les flacons de la Baltique : le fin mot de l'histoire, une belle opportunité de communication
De retour de vacances -passées au bord de la Baltique inpirées par ce qui suit-, j’en profite pour revenir sur l’histoire des flacons de champagne découverts en juillet dernier au large de la Finlande -lire ma note précédente à ce sujet ici.
Si vous avez suivi les différents épisodes de cette actualité dans la presse cet été, vous aurez certainement lu que le champagne repêché n’est finalement pas, comme annoncé initialement, du Veuve Clicquot. Une annonce faite par la maison Veuve Clicquot elle-même, suite aux analyses effectuées par son Chef de Caves Dominique Demarville sur l’un des flacons.
Si cette info et les détails fournis par la Maison Veuve Clicquot apportent une première conclusion à une histoire qui en aura passionné plus d’un, elle est pour moi également, à nouveau, un excellent exemple de bonne gestion d’une actualité « chaude » par une marque :
1/ Dans un premier temps, mi-juillet, alors que tous les médias s’emparent de l’histoire en citant Veuve Clicquot comme étant la maison d’origine de ces flacons historiques -sur la base du symbole de l’ancre marine visible sur l’un des flacons repêchés-, Veuve Clicquot reste prudente et garde le silence, dans l’attente de recevoir et d’analyser les dits flacons.
2/ Une fois le flacon analysé, la Maison Veuve Clicquot choisit de communiquer sur ses résultats, quand bien même cela implique de démentir les informations initialement relayées sur l’orgine et l’ancienneté des flacons, qui étaient on ne peut plus favorables à la marque. Plutôt que du Veuve Clicquot datant des années 1780, il s’agit « selon toute vraisemblance, d’une bouteille champenoise datant du premier tiers du XIXe siècle […] Après séchage, l’ancre est bien visible, ainsi que la marque Juglar, du nom d’une Maison de Champagne châlonnaise désormais disparue », précise Veuve Clicquot.
En communiquant avec précision les résultats de ces analyses tant d’un point de vue oenologique -« un vin d’un jaune doré intense, avec quelques reflets gris-brun (…) Le goût est dominé en attaque par une sensation très sucrée (mais) progressivement, l’acidité prend le dessus et une sensation fraîche envahit le palais. Au final, les notes fumées dominent la longueur en bouche, impressionnante et très marquée par les notes de tourbe et de tabac déjà trouvées au nez« – qu’historique « la forme de la bouteille se rapproche du modèle dit « Maubeuge » […] en verre soufflé, tournée manuellement, non moulée et présente un caractère irrégulier avec de nombreuses bulles dans le verre« , Veuve Clicquot montre son sérieux et renforce sa crédibilité. Et saisit cette opportunité pour rappeler sa légitimité historique et patrimoniale via l’ancre marine : ce symbole « est une marque déposée depuis 1798 [et Veuve Clicquot est] à sa connaissance, la seule Maison de Champagne à utiliser une ancre dans son emblème ».
L’approche est efficace, d’autant qu’elle apporte des précisions qui en auront intéressé plus d’un : selon Dominique Demarville, « les conditions extrêmement favorables de conservation ont probablement stoppé son évolution. » Les bouteilles se trouvaient dans une eau peu salée, avec peu de courants, à une température constante de 5°C, dans une obscurité totale et sous la pression de la mer. « La bouteille a été repêchée bouchée, mais le bouchon n’était retenu que par la pression et ne présentait aucune trace d’agrafe, ni de muselet. L’hypothèse la plus probable est celle d’une ficelle qui s’est dégradée pour disparaître au fil du temps. »
Dans la foulée, ce sont aussi les acteurs de la filière liège qui ont saisi cette actu pour communiquer sur la qualité de leur produit via un communiqué tout à fait opportuniste mais extrêmement pertinent : « une découverte qui met en avant les atouts formidables de conservation du bouchon liège ». Une communication intelligente et bien trouvée dans un contexte ou le débat entre bouchon liège et bouchon à vis est toujours vif…