Trop de salons… tue les salons ?

VINEXPO
Vinexpo, ProWein, London Wine Fair, VinitalyVinisud … Ne serait-ce qu’en France et dans les pays limitrophes, les salons internationaux réservés aux professionnels du vin ne manquent pas, et de petits nouveaux pointent encore le bout de leur nez –ainsi Vinipro, lancé en 2014. Alors que Vinexpo ouvre ses portes ce dimanche, nous nous sommes posé la question de savoir si la surabondance des salons ne nuisait pas à leur succès.
Parmi la pléthore de ces rendez-vous qui réunissent les opérateurs et décideurs mondiaux du secteur des vins et spiritueux, les deux plus connus –parce que les plus fréquentés- sont Vinexpo, qui se tient depuis 1981 toutes les années impaires -en juin- à Bordeaux, et ProWein, qui se tient tous les ans -en mars- à Düsseldorf en Allemagne.
ProWein, qui a lieu plus tôt dans l’année et reçoit davantage d’exposants, mise sur l’efficacité. C’est sur ProWein que l’on vient faire du business, signer des commandes, négocier des contrats. Le salon dure 3 jours, contre 5 pour Vinexpo.
Vinexpo, qui a lieu mi-juin et joue sur son occurrence bisannuelle, se veut un événement un peu plus « exceptionnel » : si l’objectif demeure de créer des opportunités d’affaires entre les opérateurs, le cadre prestigieux de la région bordelaise offre aux acteurs qui en ont les moyens un écrin plus « glamour » qui leur permet de travailler leur notoriété et leur image, en particulier par le biais des « off », ces dîners et soirées organisés au sein des châteaux (prime aux Bordelais).
Rendez-vous incontournables, véritables grand-messes internationales du vin, ces deux événements semblent dominer le marché des salons en Europe. Même si d’autres ont trouvé leur place et les moyens de se développer sur des créneaux plus ciblés : il incombe à tout nouveau salon d’innover pour s’imposer.
In en est ainsi de Vinisud qui jouit d’un réel succès et d’une belle réputation depuis une vingtaine d’années. Le salon s’est affirmé comme la vitrine des vins de la Méditerranée… avec d’autres régions représentées, en particulier pour la prochaine édition (février 2016), qui s’ouvre aux vins de Bordeaux et de Californie. Vinitaly, plus gros salon en termes de visitorat, repose avant tout sur les vins italiens. Une stratégie locale (produit ou marché) payante : la London International Wine Fair, dont les chiffres d’affluence et le nombre d’exposants avaient chuté ces dernières années, a su pour l’édition 2015 se renouveler : changement de lieu et concentration sur le marché anglais, deuxième marché d’importation de vin en Europe, ont permis au salon de retrouver les bonnes grâces des exposants et visiteurs. Une stratégie locale également embrassée en France par les salons régionaux, dont le plus connu est sans doute le Salon des Vins de Loire. Sans parler des salons parisiens, Salon de la RVF en tête, talonné depuis peu par le Wine Lab, le 2e salon de Bettane&Desseauve, petit frère du remarquable et remarqué Grand Tasting (celui-ci est ouvert au public).
Trop de salons tueraient-ils les salons ? La concurrence est rude : difficile de trouver les bonnes dates -il est ainsi souvent reproché à Vinexpo d’arriver tard dans l’année au regard de Prowein ; preuve en est aussi la concurrence d’agendas qui a vu enchaînement des salons Wine Lab et salon de la RVF la même semaine à Paris cette année. Difficile de trouver un positionnement accrocheur et qui attire à la fois exposants et visiteurs : à voir si le salon Bordeaux-Vinipro, lancé en 2014 et qui met l’accent sur les vins de Bordeaux et du Sud-Ouest qui n’ont pas forcément les moyens de sortir du lot sur Vinexpo, en s’appuyant sur un concept destiné à attirer la nouvelle génération de professionnels du secteur par une tonalité décalée, tiendra ses promesses dans les années à venir. Difficile –voire impossible- aussi pour les exposants comme pour les visiteurs de trouver les budgets, le temps et les équipes pour répondre à toutes les sollicitations.
Ce n’est pas d’avoir trop de salons qui tue les salons, mais probablement d’avoir des salons qui, pour fonctionner, doivent concilier taille critique nécessaire économiquement, et positionnement clair : les exposants comme les visiteurs, et en particulier les importateurs, cherchant aujourd’hui surtout la spécificité, la nouveauté, et l’efficacité.
Le salon Vinexpo tiendra-t-il ses promesses cette année ? Le travail entrepris depuis deux ans par la nouvelle direction, les réponses et les solutions apportées aux questions et reproches formulés, l’excellente stratégie de communication mise en place depuis plusieurs mois, ainsi que les nouveautés proposées cette année semble augurer d’une très belle édition 2015.
Rendez-vous à partir de dimanche pour le constater !
VINISUD 2015