Oenotourisme : bonnes idées et meilleures pratiques
Depuis quelques années, on constate un vif essor du tourisme lié aux régions viticoles et à leur production. Cette pratique, nommée oenotourisme, se définit comme « un ensemble de prestations relatives au séjour touristique dans des régions viticoles permettant de découvrir le vin, son terroir et les hommes du paysage viticole ». La France, pays historique dans la production de vin, a étrangement du retard sur ce sujet, alors que d’autres pays l’ont très bien assimilé, notamment les pays du Nouveau Monde qui ont compris depuis longtemps l’importance de savoir accueillir correctement des visiteurs sur leur lieu de production pour pouvoir en faire des amateurs et les fidéliser à leurs produits.
Visite de la cave et du chai, balade à travers le vignoble, rencontre avec le vigneron, dégustation des vins, découverte de la propriété, ateliers culturels… la richesse des activités oenotouristiques attire de plus en plus de touristes en quête d’échange avec le producteur, d’authenticité et de connaissances autour d’un produit qu’ils apprécient. Certains domaines s’ouvrent à des pratiques touristiques autour des activités locales comme des balades à travers le vignoble ou la route des vins. Les promenades à vélo (électrique) pour parcourir le vignoble et mieux le découvrir se développent de plus en plus. Les plus audacieux proposent aussi des tours en planeurs, en montgolfière ou encore en hélicoptère. La participation à la vie du domaine est aussi une activité que l’on retrouve dans différentes propriétés viticoles françaises : les vignerons invitent des touristes à participer aux vendanges, ils les initient au labour à cheval ou encore ils leur proposent d’élaborer le vin puis de suivre les étapes de confection de leur bouteille sur internet.
L’hébergement est une prestation de service qui va de pair avec l’œnotourisme. Des propriétés viticoles se prêtent au jeu de l’hospitality pour des vacanciers, mais aussi pour des touristes d’affaires. De plus en plus de séminaires ont lieu dans les régions viticoles ; ils associent travail, dégustation et découverte du vignoble. D’autres domaines proposent aussi des prestations agritouristiques ou des séjours de vinothérapie, c’est-à-dire une thérapie, telle qu’un spa, avec des produits élaborés à partir de raisins. À l’étranger, des régions viticoles comme la Napa Valley, l’Australie ou encore la Nouvelle-Zélande ont vu fleurir des restaurants au sein des domaines. Ils sont devenus de vrais lieux de rendez-vous pour la population locale et pas seulement des restaurants pour les visiteurs du domaine. En Australie, les domaines ouvrent leurs portes à l’ensemble des touristes qui peuvent apporter leur pique-nique et profiter du jardin : c’est devenu un espace ouvert à tous.
Comme tous les secteurs touristiques, l’œnotourisme n’échappe pas à la règle du haut de gamme. La Napa Valley (Californie) a été précurseur en la matière, avec, depuis une vingtaine d’années, des d’investissements colossaux pour accueillir le visiteur dans le vignoble. D’autres pays comme l’Italie, l’Espagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Chili et l’Argentine ont également adopté cette tendance et ouvert des hôtels de luxe et des restaurants gastronomiques à proximité des vignobles. Des offres beaucoup plus élaborées se sont aussi développées : offrir une « once in a life time experience » répond clairement à la demande d’une certaine catégorie de touristes qui veulent faire de leur visite une expérience unique, à la hauteur du budget qu’il y consacre.
En France, de grosses disparités existent dans les pratiques oenotouristiques entre les régions. L’œnotourisme haut de gamme est en retard, mais le marché se développe. Selon une étude d’Atout France, 10 millions de personnes visitent chaque année une propriété viticole, dont une majorité de Français (5,8 millions). On assiste à un essor des investissements de la part des entreprises dans ce secteur : environ 10 000 caves se sont ouvertes au public. En termes de retombées économiques, un vacancier dépense 1 256 euros durant son séjour dont 240 euros en moyenne de dépenses liées à l’achat de vins sur place.
Il existe deux principaux profils de touristes attirés par l’œnotourisme. Le premier est celui qui ne cherche pas expressément à se distraire autour de la thématique du vin, mais qui souhaite profiter d’une activité régionale et visiter des domaines viticoles. Le deuxième type de touriste est un amateur, voire un fin connaisseur en vins. Il organise son séjour délibérément dans des régions viticoles et prépare l’ensemble de ses activités autour de cette thématique.
Enfin, il ne faut pas oublier les vacanciers qui souhaitent venir en famille et pour lesquels il est nécessaire de prévoir des activités pour les plus grands et les plus petits. Certains vignerons proposent des espaces de jeux sur le domaine pour occuper les enfants. D’autres vont encore plus loin en créant des ateliers éducatifs comme des labyrinthes de senteurs, des jeux de piste et même des escapes game dans les vignes.
Œnotourisme éducatif et ludique dans les vignes, haut-de-gamme, en accords mets et vins ou encore pour les enfants : les formes d’œnotourisme sont finalement variées et les possibilités pour les domaines viticoles de développer cette facette de leur offre, illimitées.
Article tiré du podcast SOWINE Talks « Le marché de l’oenotourisme » par Marie Mascré