Loi Evin et créativité : "vive la prohibition" [1/2]

En cette période agitée pour tous ceux qui communiquent sur le thème de l’alcool en France, loi Evin oblige, je me décide à rédiger une note sur le sujet. Mon propos n’est pas tant de renchérir sur les dernières condamnations liées à la non application stricte de la loi, que de rebondir sur cette actualité pour mettre en perspective les effets constatés de la loi sur la créativité publicitaire -en deux épisodes.
Premier épisode : avant tout et pour remettre le débat dans son contexte actuel, petit rappel des derniers faits en date.
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Après le brasseur Heineken, condamné à l’automne dernier pour la publication de visuels publicitaires jugés non conformes à la loi Evin (lire ici) -ce qui a entrainé, depuis, la suspension pure et simple du site internet heineken.fr-, c’est la condamnation en janvier dernier du journal Le Parisien, pour une série d’articles parus sur le champagne -lire ici– qui a apporté la preuve, s’il en fallait une, d’un durcissement dans l’interprétation de la loi.
Cette évolution signifie-t-elle que la loi Evin, qui réglemente la publicité sur l’alcool, doive dorénavant s’appliquer à toute forme de communication sur le sujet, y compris l’information dispensée par des journalistes dans les articles de presse ? Le but du travail journalistique étant d’informer et non de promouvoir, on touche ici au délicat sujet de la liberté d’informer. A ce propos, je vous invite à (re)lire l’excellent éditorial de Thibault Leclerc ici.
Parallèlement, comment appliquer strictement la loi au média Internet, non prévu dans la loi (qui date de 1991), un média international dont l’essence même est d’être sans frontière ? N’y a-t-il pas une forme d’absurdité dans l’idée que les sites internet soient contraints de communiquer différemment selon qu’ils s’adressent à un public français ou international ?
Pour l’ensemble des acteurs de la filière vins, spiritueux et champagnes en France, la Loi Evin complique les choses, c’est une certitude. Son application dans le domaine de la promotion du produit est inévitable, mais dans le domaine de l’information -si cette information est dispensée avec responsabilité et objectivité- c’est en revanche plus que discutable. Cependant,tout en étant partisane d’une responsabilisation plutôt que d’une interdiction, je constate que la loi Evin a aussi ses effets bénéfiques… du point de vue de la lutte contre l’alcoolisme, sans doute, mais surtout et avant tout du point de vue de la création publicitaire.
J’ai éveillé votre curiosité ? En attendant que j’explicite et que j’illustre mon point de vue en [2/2], je vous invite à lire l’excellent article paru à ce sujet dans la magazine Stratégies en 2002 -et toujours d’actualité. « Vive la prohibition » !