De passage à Tokyo : soirée insolite dans un Hosts Club
De passage au Japon pour quelques jours, j’ai eu l’occasion de vivre une soirée tout à fait insolite, à la découverte de l’univers particulier des hosts clubs : l’équivalent masculin d’une des curiosités culturelles japonaises parmi les plus réputées en Occident, les clubs d’hôtesses. A visiter absolument si vous passez par le Japon, pour l’intérêt sociologique avant tout !
En quelques mots : les hosts clubs, largement répandus à Tokyo, proposent à une clientèle féminine de passer une soirée en charmante compagnie, un moyen pour ces ladies esseulées de socialiser et de créer une relation (« amicale » uniquement, enfin selon la version officielle) avec de jolis jeunes hommes à la longue crinière rousse façon roi-lion nippon.
Le host ressemble généralement en tous points à… ses comparses : jeune éphèbe épilé, cheveux longs décolorés, teint mat, silhouette très élancée, élégant dans son costume noir ou blanc. Sa mission : distraire ses clientes régulières et leur faire la conversation -tout en les invitant à consommer de l’alcool, bien entendu.
De ce fait, les clubs d’hôtes (et d’hôtesses) japonais constituent un débouché primordial pour les grandes marques de spiritueux implantées au Japon -champagnes et cognacs en particulier- puisque l’alcool y coule à flots chaque soir.
La soirée à laquelle j’étais invitée dimanche dernier, organisée dans un club du quartier de Shinjuku et parainée par Dom Pérignon, réunissait les hôtes et clientes de sept hosts clubs tokioites. Objectif : développer la notoriété de ces clubs, mais également récompenser les meilleurs « vendeurs » de champagne Dom Pérignon parmi les hôtes.
L’ambiance : à chaque table, un hôte qui anime la conversation avec son « invitée » très apprêtée et confortablement installée sur une banquette ; champagne à volonté (moyennant un droit d’entrée de 20000 Yens, soit environ 130 euros) et petits en-cas (chips et saucisses, fromage et saucisson). La soirée est rythmée par quelques animations (cette fois-ci, ce n’était malheureusement pas du fait des hôtes, même si ceux-ci ajoutent généralement des capacités artistiques -chant et danse- à leurs dons de princes charmeurs), et remise en fin de soirée du titre de « Mr Dom Pérignon » à celui des hosts ayant fait consommer le plus grand nombre de bouteilles de Dom P à ses clientes habituelles au cours des derniers mois, dans l’exercice de son activité.
Le résultat est éloquent et prouve l’intérêt pour les marques d’alcool d’être bien représentées dans ce type de lieu de consommation : cette fois, l’heureux élu Mr Dom Pérignon a été félicité pour son score hallucinant de 193 bouteilles de Dom P consommées par ses seules clientes au cours des deux derniers mois -soit plus de trois bouteilles commandées à la table de l’hôte chaque soir- et ce n’est qu’une moyenne !
On peut avoir du mal à comprendre l’intérêt de ce type de lieu et de pratique, il n’en reste pas moins vrai qu’au-delà de l’intérêt qu’ils représentent pour le marché des champagnes et spiritueux au Japon, il sont une véritable curiosité pour tout étranger désireux de mieux saisir certains pans de la culture japonaise – à observer et analyser loin des critères et des schémas souvent caricaturaux du monde occidental !