Alcool et communication : quelle place pour les cibles « jeunes » ?
En France, les initiatives concernant la prévention de la consommation d’alcool se multiplient depuis plusieurs années, qu’elles émanent du gouvernement ou des producteurs et distributeurs eux-mêmes.
Parmi les plus récentes, la campagne « 2340 » lancée l’été dernier par différents acteurs de l’univers des boissons alcoolisées regroupés pour l’occasion, qui vise à sensibiliser le public sur les seuils au-delà desquels la consommation d’alcool présente des risques pour la santé. Le logo et l’invitation à aller sur le site dédié sont, depuis, visibles sur les visuels pub des nombreuses marques participantes.
En me connectant récemment sur le site de l’interprofession des vins de Bourgogne, je découvre le projet de site spécifique dédié aux moins de 18 ans, « en construction ».
Alors que la plupart des grandes marques de spiritueux et champagne, associées dans des groupes de réflexion visant à « promouvoir une consommation raisonnée et à informer des risques et conséquences de la surconsommation d’alcool », s’efforcent de respecter un certain nombre de règles de bonne conduite dans leurs actions de communication, peut-il en être autrement de la part d’autres acteurs, dans le secteur du vin, marques moins visibles ou interprofessions ?
Dans un contexte général défavorable à la
communication envers les cibles « à risques » ou « vulnérables »
-comme le démontre la récente obligation faite aux producteurs d’apposer le
logo « alcool interdit aux femmes enceintes » sur leurs bouteilles-, et
alors que le gouvernement vient d’annoncer sa volonté d’interdire l’accès à l’alcool
près des lycées –lire ici, on peut légitimement s’interroger sur le bien-fondé
de ce type d’initiative -avec, évidemment, en toile de fond, toute la difficulté à concilier santé
publique et intérêts économiques.
L’initiative de l’interprofession est surprenante mais
intéressante, à condition que le discours soit adapté à la fois à la
cible et au contexte français. Une telle démarche n’a, à mon sens, d’intérêt et d’impact que si elle se donne les moyens d’éduquer le consommateur potentiel et de lui fournir les
outils nécessaires pour bien comprendre le vin et acquérir des repères
de consommation – avec pour objectif une consommation raisonnée et de qualité. Je suis en tous cas curieuse de découvrir ce site dédié aux moins de 18 ans et de voir quel sera le discours développé par les Vins de Bourgogne pour intéresser sa cible tout en respectant des règles de bonne conduite.
Bien loin sans doute des campagnes des pays dits « du nouveau monde » comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande – à ce titre, je vous invite à (re)découvrir ci-dessous une pub pour la marque néo-zélandaise de vin Babich, déjà présentée dans une note ici.